Le hockey sur glace, appelé le plus souvent hockey, est un sport d’équipe se jouant sur une patinoire spécialement aménagée. L’objectif de chaque équipe est de marquer des buts en envoyant un disque de caoutchouc vulcanisé, appelé rondelle ou palet, à l’intérieur du but adverse situé à une extrémité de la patinoire. L’équipe se compose de plusieurs lignes de cinq joueurs, qui se relaient sur la glace, ainsi que d'un gardien de but, qui se déplacent en patins à glace et manipulent la rondelle à l’aide d’un bâton de hockey également appelée crosse en France ou canne de hockey en Belgique et en Suisse. Le hockey est originaire du Canada et s’est développé à la fin du xixe siècle en Amérique du Nord. Sport de vitesse, il est souvent qualifié de « sport collectif le plus rapide du monde », mais c’est aussi un sport de contact, voire violent, avec ses mises en échec parfois dangereuses. Au niveau mondial, le hockey est pratiqué dans de nombreux pays et un des championnats les plus connus au monde est celui de la Ligue nationale de hockey en Amérique du Nord qui existe depuis 1917. Des compétitions internationales récurrentes sont également organisées par la Fédération internationale de hockey sur glace, plus connu sous le sigle anglais IIHF. Ainsi, chaque année des championnats du monde sont organisés que ce soit pour le hockey sur glace féminin ou masculin et ceci pour différentes catégories d'âges. Enfin, tous les quatre ans ont lieu les Jeux olympiques où un tournoi féminin et un autre masculin sont organisés.

les origines

Depuis l’Antiquité, l’homme a joué à des jeux où un objet était frappé avec un bâton incurvé. Ainsi, sur un kouros datant de 400 ans av. J.-C., deux hommes nus sont en train de jouer à un jeu, courbés en avant avec un objet en forme de crosse à la main et une balle entre eux deux. Plus tard, une peinture de Pieter Bruegel, Chasseurs dans la neige (1565), montre des joueurs qui utilisent des bâtons courbés pour jouer avec un petit objet sur la glace.

la fondation du jeu moderne

En effet, le 3 mars 1875 un match de hockey sur glace avec des règles est joué pour la première fois en intérieur, au Victoria Skating Rink sous l’impulsion de James Creighton, membre du club de patinage et juge de patinage artistique. Le match oppose deux équipes composées de neuf joueurs chacune, des gardiens de buts, un arbitre, une rondelle, des règles sur lesquelles les protagonistses se sont mis d'accord, un temps de jeu limité à raison de soixante minutes et enfin un score noté. La plupart des matchs ayant eu lieu avant ce match sont souvent des matchs extérieurs, avec des balles et rarement des règles bien définies. Le choix d'une rondelle en bois en lieu et place d'une balle de crosse se justifie par la volonté de ne pas abîmer les vitres des fenêtres et pour limiter les risques de blessure dans le public. Les crosses du match sont fournies par Creighton qui les a fait venir de la Nouvelle-Écosse où elles ont été fabriquées par les Micmacs. Ce match est annoncé au public dans les pages d'un journal de Montréal, la Gazette de Montréal.

Lord Stanley et les premiers défis

En 1888, le Canada accueille un nouveau Gouverneur général en la personne de Frederick Stanley, un sportif qui aime la chasse, les chevaux de course et la pêche. La famille Stanley assiste, pour la première fois, à un match de hockey au cours du Carnaval d'hiver de Montréal de 1888 et toute la famille est conquise. Ainsi, Lord Stanley fait construire une patinoire près de sa résidence, Rideau Hall, à Ottawa et sur cette patinoire, une de ses filles, Isobel, participe au premier match féminin de hockey sur glace. Deux des garçons, Arthur et Algernon, forment leur propre équipe, les Rideau Hall Rebels. Comme la vie de la famille du Gouverneur est largement couverte par la presse canadienne mais également par la presse américaine, de nombreuses personnes entendent alors parler du hockey sur glace. En 1892, les fils du Gouverneur parviennent à convaincre leur père d'acheter une coupe en argent pour cinquante dollars pour la meilleure équipe du Canada. L'équipe qui remporte le trophée ne peut pas le conserver et doit le remettre en jeu régulièrement. La coupe est nommée initialement Dominion Challenge Trophy, trophée qui sera nommé plus tard Coupe Stanley. En 1893, à la fin de la saison de l'Association de hockey amateur du Canada, les joueurs du club de hockey de Montréal, équipe dépendante de l'Association des athlètes amateurs de Montréal, finissent à la première place du classement et remportent la coupe offerte par le Gouverneur du Canada. En mai 1893, un article de la Gazette renomme le trophée The Stanley Hockey Championship Cup. Le coût pour une paire de patins est d'un dollar et de 25 cents pour un bâton micmac alors que le hockey se joue dans plusieurs villes du Canada (Ottawa, Calgary, Montréal…) Ainsi, il se crée même un championnat de la ligue des noirs de la Nouvelle-Écosse. À Montréal, l'élite francophone commence à jouer au hockey dans les collèges classiques catholiques. En effet, ces derniers sont également fréquentés par les Irlandais qui y jouent depuis quinze ans et présentent donc le jeu aux francophones.

Les joueurs de l'Association des athlètes amateurs de Montréal remportent le premier Dominion Challenge Trophy en 1893.

Trente ans après le premier match de Creighton et ses amis, le jeu est devenu plus rapide, plus excitant et surtout beaucoup plus rude : en 1904, on compte quatre morts au cours des différentes rencontres. La violence est déjà un composant essentiel du hockey sur glace. Malgré tout de nombreuses équipes et ligues sont créées et presque tout le monde gravitant autour du hockey sur glace gagne de l'argent. Les seuls laissés pour compte sont les joueurs qui doivent rester amateurs et ne peuvent pas vivre de leur sport.

Les débuts en Europe

En 1892 et à des milliers de kilomètres de là, le baron Pierre de Coubertin joue également au hockey sur glace sur les bassins gelés du château de Versailles. La France est alors le premier pays d'Europe où le hockey se joue. La première patinoire de France est construite cette même année 1892 rue de Clichy dans le 9e arrondissement de Paris. Deux ans plus tard, c'est la création du Hockey Club de Paris qui évolue dans cette même patinoire, Pôle nord. Un des premiers matchs internationaux a lieu le 12 décembre 1897 avec une opposition entre le HCP et le Prince's Club de Londres. Deux matchs ont lieu et les joueurs de Londres l'emportent à chaque fois, 23-6 et 11-5. En 1906-1907, le premier championnat de France est mis en place avec quatre équipes et le Sporting Club de Lyon, fondé en 1903, remporte ce premier championnat en battant en finale le Club des patineurs de Paris 8-2 devant 3 000 spectateurs. À l'invitation du français Louis Magnus, des représentants du hockey sur glace de Belgique, de France, de Grande-Bretagne, et de Suisse sont réunis le 15 mai 1908 à Paris et ensemble ils fondent la Ligue Internationale de Hockey sur Glace afin d'unifier les différentes règles du hockey sur glace. Louis Magnus est désigné président et Robert Planque secrétaire général. Au cours de cette année, les quatre pays représentés, ainsi que la Bohême, deviennent membres de la LIHG et le premier congrès se déroule à Paris.

Le premier championnat d'Europe de hockey a lieu en 1910 à Montreux. Après le retrait de la France, seulement quatre nations participent à cette première internationale : l'Allemagne, représentée par le Berliner SC, le Prince's club Londres en tant qu'équipe de Grande-Bretagne, la Suisse et enfin la Belgique. Ces deux dernières formations sont des mélanges de joueurs d'au moins deux équipes. Une particularité de ce tournoi est qu'une même équipe peut jouer deux matchs la même journée. Enfin, une équipe d'étudiants canadiens d'Oxford participe au tournoi. Avec deux victoires en trois rencontres, les joueurs de Londres sont sacrés champions. Le 15 janvier 1912, l'Union autrichienne de hockey est créée et l'Autriche rejoint la Fédération internationale de hockey alors que la Belgique organise son premier championnat remporté par le Brussels Royal IHSC.

La première ligue professionnelle

Aux États-Unis et au début du xxe siècle, l'industrie du cuivre est en plein essor afin de répondre aux demandes croissantes en électricité. Le Michigan possède de nombreuses mines et la ville de Houghton en est un des exemples. Les habitants de la ville ont un petit peu d’argent et beaucoup de temps libre car ils sont pour la majorité isolés de leur famille restée au pays. Le Portage Lakes Hockey Club attire les foules et James R. Dee, son propriétaire, veut en faire une entreprise lucrative. Ainsi, en 1902, l’amphidrome est construit par Dee qui la qualifie de plus grande patinoire intérieure des États-Unis. Pour remplir sa patinoire, Dee décide de créer la première ligue professionnelle au monde et pour trouver des joueurs, il s’adresse à Jack « Doc » Gibson, un dentiste venant de Berlin en Ontario. Gibson est passionné de hockey mais a été banni du hockey en Ontario après avoir accepté des pièces d'or par le maire de Berlin à la suite d'une victoire contre la ville voisine.

Une réunion pour former la Ligue internationale de hockey a lieu le 5 novembre 1904 et elle réunit des promoteurs de Pittsburgh, Sault-Sainte-Marie et Houghton. À la fin de l'hiver 1904, le club de Portage Lake, qui compte dans ses rangs Hod Stuart, bat les Bankers de Pittsburgh pour remporter le titre de champion des États-Unis. James Dee en veut plus et lance un défi aux Montréal AAA pour jouer un match pour la Coupe Stanley mais la formation de Montréal décline. Malgré tout, Gibson rentre au Canada et fait passer le mot qu'au Michigan les joueurs sont payés pour jouer au hockey. L'exode des joueurs de hockey débute : Jean-Baptiste Laviolette, vingt-six ans, et Didier Pitre sont parmi les premiers joueurs à tenter l’aventure et à quitter Montréal. Une autre vedette de l'époque rejoint la LIH : Frederick « Cyclone » Taylor. Ce jeune joueur de vingt-et-un ans est depuis peu banni du hockey en Ontario pour avoir refusé la proposition du secrétaire de l'Association de hockey de l'Ontario, William Hewitt. Même si Hewitt veut voir Taylor dans son équipe des Marlboros de Toronto, le jeune joueur doit continuer à travailler pour aider sa famille à vivre. Taylor se voit proposer un contrat par le Portage Lakes Hockey Club de 400 dollars plus les frais de déplacement pour rejoindre le Michigan.

Pendant ce temps les magnats du hockey au Canada fulminent de voir leurs meilleurs joueurs partir aux États-Unis. Ils ripostent et brandissent leur menace habituelle : le bannissement des joueurs professionnels mais l’appât de l’argent est plus important. Cependant en 1907, une récession frappe l'économie américaine en même temps que le marché du cuivre et Gibson et les autres Canadiens sont de retour au Canada. Malgré cette courte existence, la LIH a changé le visage du hockey en Amérique du Nord car désormais le hockey professionnel existe et on ne peut plus faire marche arrière. En 1907, les Thistles de Kenora remportent la Coupe Stanley : c'est la dernière fois qu'une petite ville remporte la Coupe et également la dernière équipe amateur à mettre la main sur le trophée.

Le hockey féminin

L'histoire du hockey sur glace féminin débute quasiment en même temps que le premier match de hockey sur glace masculin a lieu en salle. En effet, en 1889, quelques mois après que Lord Stanley a vu son premier match de hockey lors du Carnaval d'hiver de Montréal, la presse locale rapporte qu'une de ses filles, Isobel, a joué au sein d'une équipe composée de jeunes filles de la maison du gouverneur et a battu une autre formation féminine. Au cours des années qui suivent, différentes équipes féminines font parler d'elles : en 1896, une jeune fille reconnue comme étant une des personnes les plus rapides sur patins de toute la Saskatchewan, Annie McIntyre, forme une équipe de hockey. Le 11 mars 1897, le journal Medicine Hat Times fait part d'une rencontre entre deux équipes féminines. Avant la fin du siècle, des équipes se créent un peu partout au Canada : Calgary, Banff, Medicine Hat, Vancouver, Kingston, Toronto, Ottawa, Montréal ou encore Québec. En 1900, la première ligue féminine est organisée au Québec ; elle comporte alors trois formations de Montréal, une de Québec et une dernière de Trois-Rivières.

Dans les années 1930, les Rivulettes dominent le hockey sur glace féminin du Canada.

Au fur et à mesure des années qui passent, les rencontres de hockey féminin deviennent de plus en plus populaires et des compétitions d'un côté à l'autre du Canada sont organisées. Dans les années 1930, certaines rencontres attirent près de 3 000 spectateurs. Au cours de cette même période, l'équipe la plus connue du Canada est celle des Rivulettes de Preston qui remporte la majorité des titres entre 1931 et 1940. Au cours des dix saisons, l'équipe remporte toutes les éditions du championnat de l'Ontario, Ladies Ontario Hockey Association Senior Division et met la main sur quatre trophées de la meilleure équipe du Canada, en 1935, 1937, 1938 et 1939. Selon les relevés des résultats réalisés par des historiens du hockey sur glace féminin, l'équipe ne perd que deux rencontres en près de 350 parties disputées.