Le narrateur est un personnage qui se définit par ce qu’il consomme, notre mode de société mis en abyme. C'est un consommateur et il le sait, il ne vit que pour Ikea, Starbucks et toutes les grandes firmes transnationales. Son monde tourne autour de la consommation. Il semblerait que son essence soit d’être un consommateur, un homme de la société avant même d’être simplement lui. Effectivement, la première chose qu’il dit de lui du film est : « j’étais devenu esclave du confort protecteur des intérieurs IKEA ». La société contrôle et possède tout. Il parle de « Galaxie Microsoft », de « Planète Starbucks ».
On ne connait même pas son vrai prénom. Il se définit uniquement par ce qu’il achète chez Ikea. Il nous décrit son appartement et la disposition de ses meubles mais jamais qui il est.
Tyler Durden est donc la projection mentale irrationnelle du narrateur, son double libéré. C’est un anarchiste qui rejette tous les présupposés de la société de consommation : « Pour une totale liberté la vie anarchique est recommandée » dit-il.
En effet, à cause de son isolement dans cette société conformiste, abandonné par son père, le narrateur sans aucun repère, ne trouve ni en lui ni hors de lui la possibilité de s’accrocher, il va alors devoir créer son propre maître : Tyler Durden.
Ici le narrateur avec l’aide de Tyler va alors détruire toutes ces anciennes valeurs, détruire tout ce qu’il était pour mieux se reconstruire. Cette reconstruction semble paradoxale : l’amélioration de soi par la destruction de soi. D’ailleurs, on peut illustrer ce paradoxe par la scène du premier combat devant le bar :
« Ça fait vraiment mal… Frappe-moi encore » – le narrateur à Tyler.
Se détruire pour se reconstruire. Jack réalise alors qu’il peut s’évader de son existence et creuser une vision bien plus excitante et profonde de la vie humaine.