La guitare électrique
est un type de guitare qui produit des sons grâce à des capteurs électromagnétiques. Les musiciens français appellent souvent micros les transducteurs de guitare électrique1, qui transformant les vibrations des cordes en un signal électrique qui peut être modifié par divers accessoires comme des potentiomètres de volume ou de tonalité et des pédales d'effets avant d'être converti en un son par un ampli (un amplificateur électronique spécialement destiné à la guitare et un haut-parleur).
La lutherie de la guitare électrique est un art radicalement différent de celui des instruments à cordes acoustiques : il n'est pas nécessaire de transformer efficacement la vibration des cordes en onde sonore. Bien que le corps ne soit pas une caisse de résonance, il participe cependant à la sonorité finale. Il peut être en matériau plein (solid body), ou creux comme celui d'une guitare acoustique (hollow body). Les cordes doivent être fabriquées en matériau magnétique (acier), mais elles peuvent être plus fines et moins tendues que pour un instrument acoustique. La fabrication du ou des capteurs est un élément important dans la qualité du son, comme le sont aussi, et plus encore, les boîtes et pédales d'effets, l'amplificateur et son haut-parleur. La lutherie de guitare électrique a développé des formes originales voire excentriques pour cet instrument électromécanique.
La guitare électrique est surtout utilisée dans des genres musicaux apparus à l'époque de son invention ou après. Les larges possibilités sonores qu'elle offre ont eu une influence significative sur de nombreux courants musicaux apparus depuis. Elle est un emblème du rock et un composant fréquent des orchestres de blues, rhythm and blues et de jazz, ainsi que des groupes pop et ensembles de musique de variétés.
L'amplificateur
permet d'amplifier le signal reçu par la guitare en entrée, et délivre en sortie le son grâce à un haut-parleur ou un casque. On distingue deux « étages » ayant chacun un rôle distinct.
Le premier étage est le préamplificateur ou préampli, dont la fonction est d'adapter le signal arrivant de l'instrument à l'entrée de l'amplificateur de puissance. Ce préampli peut comporter des fonctions de correction de tonalité. Il comporte le plus souvent un réglage de gain, qui double les potentiomètres de volume présents sur la plupart des guitares. Cet étage est d'une importance capitale pour les guitaristes et les bassistes. En effet, il peut présenter un comportement non linéaire qui transforme profondément le signal issu des capteurs. Les musiciens mettent à profit cette déformation appelée distorsion dans le contexte de la sonorisation ou de la Hi-Fi pour produire un son caractéristique, d'ailleurs notoirement différent selon qu'il s'agit d'amplificateurs à transistors ou à tubes, ou de systèmes audionumériques capables d'imiter ceux-ci ou ceux-là. Les déformations se produisent à tous les étages d'amplification et dans le haut-parleur, lorsque le niveau dépasse une limite. La distorsion qui se produit dans le préampli a l'avantage de pouvoir s'écouter à un niveau raisonnable, si le signal est atténué par un second réglage avant d'arriver à l'étage de puissance. Quand ces deux réglages existent, le premier sera généralement désigné par overdrive et le second par volume ou power.
Le signal sortant du préamplificateur est injecté dans l'étage amplificateur, dit de puissance, qui se charge d'augmenter le signal en courant, permettant d'alimenter un ou plusieurs haut-parleurs.
Les effets
Le niveau de sortie de crête d'un capteur de guitare électrique varie entre 0,1 mV pour une attaque légère d'une corde et plus d'1 V pour un brossage vigoureux des six cordes. Cette dynamique de plus de 80 décibels dépasse les capacités de traitement linéaire des premiers amplificateurs. Les musiciens ont rapidement appris à jouer avec les contraintes qu'imposait ces distorsions électroniques et à en tirer parti. Les ingénieurs se sont efforcés de réduire ces défauts de traitement du signal, et sont parvenus, à la généralisation des transistors dans les années 1960, à fabriquer des amplificateurs d'une grande fidélité. Mais ce n'est pas ce que les musiciens souhaitaient, si l'on en juge par le succès continu des amplificateurs à tube7. Le son d'une guitare électrique ne peut pas être celui d'une guitare acoustique, du fait du principe des capteurs électromagnétiques et du peu d'importance de la résonance acoustique ; pour se rapprocher du son acoustique, on a fabriqué des capteurs piezoélectriques de chevalet pour des guitares électro-acoustiques. Entretemps, les musiciens avaient créé une culture de la guitare électrique ouverte sur d'autres expérimentations.
Les premiers amplificateurs souffraient d'une non-linéarité assez importante, résultant en distorsion d'intermodulation. Cette distorsion fait apparaître, lorsqu'on joue deux notes ensemble, des tons supplémentaires, de fréquences égales à la différence entre les notes jouée. Ces tons peuvent être déplaisants. Cette caractéristique des amplificateurs peut avoir contribué à la création du solo de guitare une note à la fois, à l'image des clarinettes, saxophones et trompettes dans les orchestres de jazz, et à l'abandon du jeu à plusieurs notes, à l'exemple du piano, qui existait auparavant en milieu rural (fingerpicking).
Considérant la guitare électrique comme un instrument différent, tant par son timbre que par son rôle dans l'orchestre, les musiciens ont, dès les débuts, tiré parti du son obtenu en chargeant l'entrée de l'amplificateur pour le faire travailler largement hors de la zone où il est approximativement linéaire.
L'effet Larsen est une conséquence en général indésirable de la ré-injection en boucle d'un son déjà amplifié, via le(s) capteur(s) de l'instrument relié à cet amplificateur. Il naît alors un son strident, dont l'amplitude croît jusqu'à la saturation. Certains musiciens contrôlent ce couplage acoustique pour prolonger la note, comme Jimi Hendrix ou Carlos Santana ou encore Joe Satriani.
Dans les années 1960, aux effets obtenus grâce aux techniques de jeu pour guitare et au contrôle de l'amplification ainsi que de sa surcharge (overdrive), se sont ajoutés une très large palette d'altération du son en continu basé sur le traitement du signal électrique fourni par les micros. Des effets extérieurs peuvent donc être greffés à loisir, par l'intermédiaire de pédales d'effets ou de rack.
Chaque fabricant donne à sa création un nom particulier, qui est à la fois un nom commercial et la désignation utile d'un effet.
Les grandes familles d'effets sont :
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ceux basés sur la surcharge d'un amplificateur, nommés Overdrive (au sens propre), distorsion (par métonymie), et, à l'extrême, la saturation ou fuzz. La surcharge a pour conséquence inévitable une compression et une prolongation du son. Selon les caractéristiques de l'amplificateur utilisé, le résultat peut être très différent. La surcharge d'un amplificateur à tubes, celle d'un amplificateur à transistors, la distorsion obtenue en insérant des diodes, ont des compositions harmoniques très différentes. À l'origine produit par l'amplificateur, l'effet est aussi disponible en pédale, permettant une grande variété de sons distinctifs. La surcharge modérée s'entend dans le blues et le jazz, elle se fait de plus en plus vigoureuse dans le rock, le hard rock, le heavy metal et le rock psychédélique ;
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le treble booster est un amplificateur limité aux aigües (filtre passe-haut) qui se combine avec les formes d'overdrive ;
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le trémolo permet de faire varier périodiquement plusieurs fois par seconde le volume du signal, il a été souvent intégré dans les amplificateurs ;
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le vibrato fait varier périodiquement plusieurs fois par seconde la hauteur du son ;
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la wah-wah, filtre passe-bande à fréquence centrale variable par une pédale à action progressive comme les pédales d'expression des orgues : si la pédale est baissée, les aigus sont favorisés, si elle est levée, ce sont les graves. Actionnée en même temps que le musicien joue les notes, elle donne le son « oua-oua » qui la désigne ;
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la réverbération, et les chambres d'écho simulent, dans leur concept d'origine, l'effet que peut produire l'émission d'un son dans un grand espace. Les musiciens en ont aussi fait un usage créatif en manipulant, sans référence à des locaux réellement existants, les paramètres de reproduction du son avec décalage dans le temps ;
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le chorus et le flanger ajoutent au son de la guitare de légères perturbations en temps et en fréquence du son original, ce qui donne l'impression que plusieurs guitaristes jouent la même partition ;
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le phasing réinjecte du signal avec variation de phase dans le circuit. Le signal original va se retrouver mixé avec un signal retardé et filtré selon plusieurs fréquences et un modulateur basse fréquence crée la modulation par une onde sinusoïdale ;
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le compresseur permet comme son nom l'indique de limiter la plage dynamique de la guitare. Il favorise ainsi le sustain et le larsen ;
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l'octaver permet d'ajouter un doublage du signal à une ou plusieurs octaves au-dessus ou en dessous de celui joué ;
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l'UniVibe est essentiellement un phaser modifié pour émuler dans une pédale l'effet des encombrantes enceintes Leslie ;
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le Leslie, son tournant, au départ fait mécaniquement par deux baffles orientés vers le haut sur lesquels tournait un capot avec une sortie d'une grande ouverture de diffusion pour les graves et une plus petite pour les aiguës, disposant de trois vitesses de rotation. Il est devenu électronique sur des effets de sol ou son cabines ;
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l'harmoniseur permet d'ajouter une ou plusieurs voix en harmonie (tierce, quinte, …).