La légende, celle des traditionalistes, prétend que le gille serait né en août 1549 lors des festivités au Palais de Marie de Hongrie (à Binche à Binche en Belgique).La gouvernante générale des Pays Bas y recevait son frère l’Empereur Charles Quint, son neveu le futur Philippe II, et sa sœur Eléonore d ‘Autriche, la veuve de François Ier. Cette fête pleine de faste et de splendeur fut connue de tout l’Empire.
La légende dit qu’à cette réception pour symboliser une des importantes conquêtes de l’Espagne celle du Pérou, des soldats se déguisèrent en Incas avec plumes sur la tête et dansant au son d’une sorte de tam-tam avec un pas très cadencé. Un des soldats prénommé Gil se fit remarquer et on le surnomma Gil Incas. Ce fut, parait-il, la naissance du gille! Les dessins récemment retrouvés, ne permettent pas d’y apporter crédit. Cette légende est née à la fin du XIXème siècle.
Une seconde thèse beaucoup plus réaliste, nous présente le gille comme un personnage de très vieille naissance qui s’est trouvé marqué par des influences diverses. En Europe folklorique, c’est un danseur du renouveau qui, par sa danse, espérait écarter de la communauté, la mauvaise saison la maladie, la misère et la faim ainsi que l’atteste le plus vieux texte connu, celui de 1875.
Quand a sa danse, elle est aussi un élément probant. Elle consiste en un simple martèlement du sol, au rythme ternaire. Son caractère rituel, primitif reste évident, malgré le dénouement des siècles car elle n’a pas subi d’influences de chorégraphie raffinées. Et ces premiers éléments en font un personnage peu fréquent dans le monde coutumier aujourd’hui.
D‘autres influences se sont exercées sur lui. Elles sont secondaires quoique indéniables, comment nier sérieusement le fait que la dénomination du gille marque l’influence exercée, sur notre personnage carnavalesque par le théâtre populaire. Le gille a été le héros de milliers de farces, de pièces de théâtre, ce qui en explique le succès populaire aux XVIIème et XVIIIème siècles, tout comme celui de ses frères Arlequin, Pierrot, Polichinelle…
En bref, le gille est un danseur masqué qui, à l’origine par sa danse rituelle au rythme ternaire et par son comportement, par son balai, ses sonnailles et l’offrande du pain, apparaît comme une sorte d’officiant célébrant, comme ses frères de l’Europe traditionnelle, la nature tendue vers le renouveau, vers la bonne saison et ses possibilités accrues de vie.