Le style coréen qu’est ce que c’est ?

Depuis 2003 et l’arrivée d’Old Boy ou de Memories of murder sur nos écrans, la fiction sud-coréenne a fait son chemin en Occident, doucement, mais sûrement. La guerre entre l’URSS et les États-Unis ainsi que la séparation avec sa sœur Corée du Nord a forgé en Corée du Sud un cinéma sombre, soumis à une censure marquée. Le soulèvement des étudiants en avril 1960 et l’influence des films d’action américains imprègnent la vision d’une nouvelle génération de réalisateurs coréens.


• Du gore, de la violence ou du malsain


Ça peut être un choc pour le spectateur non initié : le cinéma coréen est violent, très violent. Les souffrances physiques comme psychologiques s’entremêlent avec brio pour créer une ambiance pesante ou malsaine. Qu’il s’agisse de coups de marteau sanguinolents, de viols, de manipulation ou encore de jeux de pouvoir, les films coréens semblent vouloir peindre toutes les couleurs des relations humaines. Que ce soit au travers de la photographie, du scénario ou de la musique, ces œuvres cathartiques nous dérangent et nous bouleversent.


• Des retournements de situations


Bien que cousin des films d’action américains, le thriller coréen s’en distingue par une maîtrise parfaite de l’effet de surprise. Il est souvent difficile de prévoir comment l’intrigue va se terminer ou même évoluer. Cette capacité à surprendre contribue largement à la fascination et au plaisir du spectateur, de plus en plus rodé aux mécanismes essoufflés de la narration du cinéma à gros budget.


• Des thématiques récurrentes


La vengeance, la lutte des classes ou encore l’impuissance d’un personnage face aux forces du destin, voilà des thématiques récurrentes que l’on retrouve chez de nombreux cinéastes sud-coréens contemporains influencés par l’histoire de leur pays. La notion de “fatalité” fait écho à la domination des puissances extérieures auxquelles la Corée n’a jamais pu s’opposer ainsi qu’à la censure qui contrôlait le cinéma dans les années 70. En effet, sans pouvoir blâmer ouvertement les institutions, les auteurs coréens ont pu ainsi exprimer leur incapacité à faire face à des forces qui les dépassent.


• Des personnages ambigus


Des personnages principaux corrompus, flemmards, violents, indécis ou encore arrogants… les cinéastes coréens dépeignent l’humanité dans ce qu’elle a de plus noir, de plus pathétique, mais également de plus fragile et touchant. Loin de présenter un modèle de comportement censé inspirer et élever le spectateur, le héros coréen flirte avec les frontières morales avant de les transgresser complètement. C’est un personnage désespéré, au bord de la crise de nerfs, un anti héros poussé à bout et prêt à tout pour arriver à ses fins. De même les opposants ou les rôles secondaires peuvent montrer de multiples facettes et surprendre un public habitué aux antagonistes caricaturaux.


• Une variété d’émotion et de genre


Le cinéma coréen nous fait passer du rire aux larmes avec une facilité déconcertante. Son genre indéfini, oscillant sans cesse entre horreur et comédie, thriller et drame psychologique, nous bouscule et nous laisse sans défense. En insérant des temps de respirations poétiques ou d’humour entre deux moments de violence et de tragédie, le cinéma coréen nous touche au cœur. Il n’est pas rare que certaines scènes provoquent des sentiments de frustration, de malaise, d’injustice ou d’incompréhension, émotions que la production cinématographique générale tente de fuir. Une approche peut-être peu “commerciale” et qui n’aide pas à vendre le “produit” film, mais qui laisse la place à l’art et à la voix de l’auteur. Cette démarche peut déconcerter le spectateur voire le choquer, notamment lorsque l’humour est intégré à un scénario particulièrement sombre. Cependant, si les films coréens parviennent à nous bouleverser c’est bien parce qu’ils jouent avec nos limites.



Cinéma coréen