Le post-apocalyptique (parfois abrégé en « post-apo » ou « post-nuke ») est un sous-genre de la science-fiction qui dépeint la vie après une catastrophe ayant détruit la civilisation :
guerre nucléaire, collision avec une météorite, épidémie, crise économique et énergétique, etc.
Parfois utilisé simplement pour ses aspects ultra-violents, le post-apocalyptique repose sur un délicat équilibre entre une civilisation perdue et un chaos naissant. Il met en scène une confrontation
de la réalité sociale (négociable, relative, corrompue, de servitude et dépassant l'échelle d'un seul homme) à la dure réalité physique (immédiate, intraitable, libre, individuelle). C'est à la fois
la fin du monde et un nouveau départ. Une contradiction riche qui permet de développer un discours original sur le monde réel.
Au-delà des thèmes classiques de la survie, de la violence, de l'environnement hostile à l'homme, la plupart des œuvres post-apocalyptiques se servent de ce décor pour amener une réflexion sur la
place de l'Homme par rapport à ses semblables et à la société. Hors du carcan des lois, les Hommes révèlent leur vraie nature, et le panel de caractères et de comportements « vrais »
(non biaisés par la société) créent une sorte de laboratoire social où l'auteur expérimente sur les rapports humains. On trouve régulièrement les thèmes du solitaire contre le groupe, de la
coexistence des comportements altruistes, égoïste et agressifs, ou le télescopage des nostalgiques de l'ancienne civilisation, des aficionados de l'anarchie nouvelle, et des visionnaires voulant créer
une nouvelle manière de fonctionner.
Le choix du type d'apocalypse, finalement un détail secondaire, est également intéressant car il reflète les craintes de la société à l'époque ou l'œuvre a été conçue, au même titre que les films
catastrophe. La crainte du nucléaire pendant la guerre froide, les catastrophes écologiques ou industrielles dans les années 1980, la pandémie dans les années 1990, tandis que les années 2000 semblent
craindre les catastrophes naturelles ou les actes de terrorisme à grande échelle.
La fin du monde a été imaginée de multiples façons, mais de grands thèmes reviennent souvent. Les plus courants sont les suivants :
Symbole indiquant un danger radioactif, l'un des dangers majeurs d'un monde détruit par l'arme nucléaire.
L'humanité s'est autodétruite dans une guerre impliquant des armes de destruction massive ou a été victime d'une catastrophe nucléaire. C'est l'apocalypse la plus classique : le genre
post-apocalyptique est né pendant la guerre froide, où la peur d'une guerre totale qui détruirait la Terre a engendré de nombreuses œuvres. On notera de cette époque La Planète des singes et
ses suites, Apocalypse 2024, Malevil en France, Le Jour d'après (1983), etc. Après 1986, Tchernobyl relancera la crainte du nucléaire et la production du genre.
Les références du genre restent le film Mad Max 2 et plus récemment la série des jeux Fallout. Aujourd'hui encore, des productions comme la série Jericho montrent que la crainte de
l'apocalypse nucléaire reste dans les esprits.
Dans Le Monde d'Arkadi, Caza décrit une humanité en perdition, irradié et mutante, sur une terre polluée qui s'est arrêtée de tourner.
Dans ce type d'apocalypse, ce sont les éléments naturels qui sont responsables de la disparition de l'humanité : éruption de volcan (la saga Dragon Head), prédominance des océans
(le film Waterworld), tsunami géant (le jeu de rôle Cendres), collision d'un astéroïde avec la Terre (le manga 7 Seeds), etc. Ces catastrophes reflètent les cataclysmes réels et les craintes de notre époque.
Certaines œuvres envisagent un changement climatique en conséquence directe de l'action de l'homme sur la nature. La glaciation était souvent utilisée dans les années 1980, (la bande dessinée
Le Transperceneige, les romans La Compagnie des glaces, la bande dessinée Neige), tandis qu'aujourd'hui les auteurs s'appuient aussi sur la crainte de la désertification (le jeu vidéo The Fall:
Last Days of Gaia) ou celle d'une tempête mondiale et incontrôlée (le film Le Jour d'après (2004)).
Certaines catastrophes naturelles possibles et peu connues (passage du système solaire dans un nuage de poussières qui atténuerait la lumière solaire nous parvenant, éruption solaire un peu plus
forte que les autres qui « grillerait » l'intégralité des appareils électroniques de la planète) peuvent donner lieux à des effets comparables à ceux de l'apocalypse nucléaire classique (respectivement
hiver non-nucléaire et IEM ici).
Une pandémie, l'une des grandes peur de l'humanité, ressentie par beaucoup comme l'une des causes les plus probables d'apocalypse.
Une des fins possibles de l'humanité serait l'apparition d'une pandémie qui décimerait l'espèce humaine en très peu de temps. Plus traitée en film catastrophe qu'en post-apocalyptique, on trouve
cependant le livre de Richard Matheson publiée en 1954, Je suis une légende, où une bactérie infecte l'humanité tout entière et la transforme en créatures proches des vampires (sans doute l'un des
premiers romans du genre). On notera également Le Fléau de Stephen King, ou plus récemment le film 28 jours plus tard où les hommes sont infectés par une maladie inconnue et se transforment en créatures
enragées qui s'attaquent violemment aux individus « sains ». Dans le jeu vidéo à succès The Last of Us, ce thème est repris, la maladie étant causée par un champignon parasite.
Certaines œuvres considèrent une catastrophe d'origine humaine autre que nucléaire. Cela peut être une catastrophe industrielle de grande ampleur (explosion de la lune dans La Compagnie des glaces), un désastre écologique massif (Le Troupeau aveugle de John Brunner), ou de façon globale une pollution telle que l'homme ne peut plus vivre sur la surface de la Terre (WALL-E de Pixar); de façon plus rare, une guerre classique mais massive (Appleseed de Masamune Shirow). Le contrôle et l'anéantissement de l'humanité par des robots et des ordinateurs est maintes fois évoqués (Terminator décrit par « flash forward » un monde tel qu'il devrait être si le passé n'est pas modifié. Matrix decrit un monde ou l'homme est asservi à la machine, simplement nourri de rêves).
La chute de la société peut simplement être due à l'effondrement des liens sociaux, à une ruine économique massive, un épuisement des ressources naturelles qui amène une asphyxie de la société,
ou à des affrontements interethniques ou religieux (Jeremiah, Simon du Fleuve ou Hombre). Sans doute une des apocalypses les moins violentes, les conflits sont partout mais à l'échelle de la ville :
le peuple contre l'autorité, résurgence des comportements égoïstes, etc. Dans ces cas-là, la société telle que nous la connaissons disparait peu à peu, en quelques années, sans nécessairement de guerre
ou de conflit majeur.
Plus lente et moins spectaculaire, la fin de l'humanité peut également être due à l'impossibilité pour l'homme de se reproduire (Les Fils de l'Homme). Elle peut être due à un phénomène qui stérilise
hommes et/ou femmes (Les Hommes frénétiques, Polaris) ou tout simplement à la mort de tous les représentants de l'un ou de l'autre sexe (Le Dernier Combat, Y, le dernier homme). La population, qui ne
cesse de vieillir, se laisse lentement gagner par le désespoir, et peut sombrer dans la violence pour un baroud d'honneur, ou au contraire devenir sage et passer ses dernières années à acquérir le bonheur
qu'elle n'a pas réussi à atteindre du temps de son apogée, ce que suggère Alan Weisman dans Homo disparitus.
L'apocalypse par singularité technologique de Cylon dans Battlestar Galactica, des machines à forme humaine qui détruisent l'humanité, ou la création du programme Skynet dans Terminator 2 qui devient intelligent et déclenche un holocauste nucléaire, ou encore Matrix, film dans lequel l'humanité est prisonnière d'une réalité virtuelle et réduite en esclavage par des machines utilisant la chaleur produite par le corps humain comme énergie.
Une meute de zombies assoiffés de sang. Le mal se transmet par morsure et se propage rapidement à l'ensemble de la population.
L'invasion de zombies est parfois l'une des causes de la fin du monde, qu'elle soit provoquée par un virus, des mutations radioactives, ou tout simplement inexpliquée.
Peu de films de zombies sont également post-apocalyptiques. Le sujet fait débat, du fait de la proximité des films de survival horror et des films de post-apocalypse, mais on conviendra que
dans les œuvres concernées :
– l'invasion est globale (ou au moins à l'échelle d'un pays) ;
– les survivants sont seuls, ou rencontrent des groupes autonomes (la police et l'armée ont disparu).
En effet, la disparition de la société et donc de l'État est un prérequis à la situation de post-apocalypse. Par exemple, les deux premiers films Resident Evil ne sont pas post-apocalyptiques,
parce que l'infection zombie ne concerne que la ville, et que le gouvernement et la police sont toujours en place (en dehors de la ville). Dans Resident Evil: Extinction, au contraire, l'humanité
et la société ont intégralement disparu, faisant du film une œuvre post-apocalyptique. Les œuvres où l'action est très locale et qui ne donnent pas d'informations sur la situation globale
(jeux Left 4 Dead ou Hordes) ne permettent pas de trancher sur le caractère post-apocalyptique. La classification reste donc à l'appréciation de chacun.
Parmi les œuvres de zombies post-apocalyptiques, on notera 28 jours plus tard, une partie des films de Romero6, les bandes dessinées américaine The Walking Dead de Robert Kirkman,
Tony Moore et Charlie Adlard, et française Zombies d'Olivier Peru et Sophian Cholet, ou les romans World War Z (adapté au cinéma dans World War Z), Apocalypse Z de Manel Loureiro,
Chroniques de l'Armageddon de J. L. Bourne par exemple.
De façon beaucoup plus anecdotiques, certaines œuvres post-apocalyptiques décrivent des mondes ravagés par des extraterrestres, machines ou puissances occultes (comme les Tripodes de la série de John Christopher), voire des dragons (Le Règne du feu). Dans Ravage de Barjavel, la technologie cesse simplement de fonctionner, en un instant, sans raison. Il n'y a pas d'apocalypse à proprement parler, mais une humanité soudain revenue à l'âge de pierre. Les villes sont devenues inhospitalières, la nourriture rare, amenant l'exacte configuration d'un roman post-apocalyptique.