Gare de Charleroi
L’histoire du développement de Charleroi et celle du chemin de fer ont été, au XIXième siècle, intimement liées. La Ville s’est appuyée sur le développement et l’extension des réseaux ferroviaires, permettant d’écouler de plus en plus de produits industriels bruts ou manufacturés, directement des usines et des nombreuses manufactures vers les villes de Belgique et d’Europe. Le chemin de fer quant à lui s’est rapidement implanté dans la région, Charleroi étant l’un des bassins industriels les plus importants du continent, et seuls la Sambre et le canal de Bruxelles permettaient à l’époque l’écoulement des marchandises. La ville et le chemin de fer profitèrent largement des avantages qu’offraient chacune des parties : d’un côté, une région économiquement forte et prospère, et de l’autre, un moyen de transport efficace et rapide permettant l’écoulement de marchandises.
Charleroi est très rapidement mise en relation avec Bruxelles, la Ville étant située sur la ligne Bruxelles-Namur via Manage. Dès 1843, les trains s’arrêtent à la Ville-Basse de Charleroi. Une halte est aménagée, proche de la Sambre canalisée, un peu plus au nord-ouest que la gare actuelle. Le chemin de fer remporte vite un certain succès ; les diligences continuent néanmoins leurs services pendant une dizaine d’années.
En 1857, un peu moins de quinze ans après l’arrivée du premier train à Charleroi, entre 118 et 126 trains desservent quotidiennement la ville, et ce ne sont pas moins de 1.400 tickets qui sont vendus chaque jour. Il est rapidement décidé d’ériger une nouvelle station permettant le bon développement du trafic et l'accueil des services ferroviaires.
La nouvelle gare de Charleroi-Sud est érigée entre 1865 et 1874 ; les travaux durent plus longtemps que prévus, la guerre franco-allemande de 1870 faisant rage et ralentissant la construction. La nouvelle gare est inaugurée en 1874, quelques mois seulement après la mise en service de la liaison directe Charleroi-Bruxelles via Nivelles, liaison plus rapide que via Manage.
Le monumental bâtiment de style néo-classique est avant-gardiste pour l’époque par l’utilisation de matériaux nouveaux comme le fer et le verre. Son architecte est sans doute l'auteur également de l'ancienne gare de Liège-Guillemins, qui offrait de nombreuses ressemblances avec celle de Charleroi-Sud. En 1874, deux grandes halles vitrées sont également construites, situées principalement sur le territoire de la commune de Marcinelle. Ces halles seront démolies dans les années 1960.
L’architecture de la gare présente des allures de palais, faisant penser à certaines gares parisiennes, notamment la Gare de l’Est. Le centre du bâtiment est destiné à l'accueil des visiteurs, illuminé par deux verrières en plein cintre. La verrière côté quais surplombe aujourd'hui un vitrail moderne, réalisé en 1964 par le marcinellois Claude Carpet. De chaque du corps principal de la gare partent deux ailes reprenant un buffet et les services annexes, débouchant chacune sur un petit pavillon.
Rapidement après la mise en service de la gare, la bourgeoisie s’installe dans les quartiers proches de la station. La bourgeoisie profite d’un moyen de transport moderne et rapide, permettant d’atteindre les grandes villes de Belgique et d’Europe en quelques heures ou quelques jours. Le quartier de la Ville-Basse change petit-à-petit de visage et devient un quartier commerçant et d'affaires, lieu d'implantation de nombreux hôtels, grands magasins, banques, et de la Bourse de Commerce.
Le bâtiment de la gare devient cependant rapidement trop exigu pour accueillir l’ensemble des services nécessaires au bon fonctionnement de l’infrastructure ferroviaire de la région. Une annexe est érigée près du Pont de la Résistance et inaugurée en 1938 : l’Hôtel des Chemins de Fer.
Le 19 novembre 1949, la ligne Charleroi-Bruxelles est la deuxième de Belgique à être électrifiée, vu son importance. Un monument est inauguré à proximité immédiate de la gare, en mémoire d'Antoine Lessines, ingénieur, administrateur à la SNCB et promoteur de l'électrification de la ligne. En 1984 une tour de signalisation est bâtie à l’ouest de la gare.
La Gare de Charleroi-Sud est modernisée à plusieurs reprises sans toutefois subir des changements majeurs. Des travaux d’embellissement et de modernisation eurent lieu notamment dans les années 50 et 60. En 2005 débutent les travaux de restauration les plus importants de l'histoire de la station. La façade principale retrouve notamment son cachet du début du XXième siècle avec ses verrières restaurées. En 2011, la gare rénovée est inaugurée.