Image bannière

Hernest Solvay

Grand industriel autodidacte belge, Ernest Solvay a imaginé un procédé révolutionnaire pour la fabrication du carbonate de sodium. Par l’exploitation de son procédé en Europe et aux Etats-Unis, il acquiert rapidement une renommée internationale.
Ce grand capitaine d’industrie est également à l’origine d’initiatives sociales dans ses usines et est considéré, à ce titre, comme un précurseur de la législation sociale.

Les débuts

Ernest Solvay naît le 16 avril 1838 à Rebecq-Rognon, dans le Brabant. Il est le fils d’un saunier, c’est-à-dire d’un marchand de sel, très à cheval sur l’éducation et l’instruction de ses enfants. Ses 2 fils, Ernest et Alfred se révèlent vifs et intelligents et le premier est déjà inscrit à l’université. Il faut savoir, en effet, que d’un naturel curieux, Ernest s’est passionné, dès l’adolescence, pour les sciences : la physique, la chimie et l’histoire naturelle.

Or, un jour de 1854, la maladie frappe le jeune homme : il souffre d’une pleurésie et doit rester alité pendant plusieurs mois. Ensuite, ce sera la dure réalité : les rechutes fréquentes l’empêchent de reprendre ses études. C’est alors que l’un de ses oncles lui propose de travailler dans sa compagnie de gaz en tant qu’employé de laboratoire capable de traiter les eaux ammoniacales. Ernest est ravi d’autant plus qu’il y a l’occasion de démontrer son ingéniosité dans un champ d’investigation quasi illimité.

En 1860 il fait une découverte qui le stupéfie : en cherchant, comme d’habitude, à récupérer l’ammoniaque contenu dans les eaux de lavage du gaz, le jeune chimiste a l’idée d’utiliser de l’eau salée. Ce mélange laisse dans la cuve un dépôt blanc : le bicarbonate de soude. Il vient de découvrir le moyen de produire industriellement la soude, un élément de plus en plus indispensable à l’industrie pour :

Pour tester la viabilité industrielle du procédé, Ernest et son frère Alfred installent une station d’essai à Schaerbeek. Les résultats sont concluants mais il reste deux obstacles de taille à franchir : l’argent et les débouchés. La famille et les amis mettront leurs moyens en communs pour rassembler des fonds et les injecter dans la création d’une société. Quant aux débouchés, Ernest se fait fort de les trouver lui-même …

Une première soudière avant les autres

En 1865, les frères Solvay décident d’implanter leur soudière à Couillet. L’emplacement est mûrement réfléchi puisqu’il se trouve à proximité :

Quoique la production soit en croissance constante, l’usine Solvay & Cie se trouve néanmoins au bord de la faillite. Mais Ernest croit à l’avenir de son « procédé Solvay » et va s’atteler à augmenter son rendement tout en diminuant les coûts de production. Sachant qu’il dispose déjà de l’eau, du chemin de fer et de la houille, il ne lui manque plus qu’à se procurer du sel à bon compte. Mais à Couillet il n’y a aucun gisement de sel ! En 1870, l’idée naît de fonder une soudière en Lorraine où les gisements salifères sont de bonne qualité. Le choix des frères Solvay va s’arrêter sur Dombasle-sur-Meurthe qui possède tous les atouts requis.

L’usine de Couillet bénéficiera, elle aussi, de l’exploitation du sel français et sera rapidement agrandie. D’autres soudières ne tarderont pas à être construites un peu partout … et les industriels n'hésiteront plus à se rallier au nouveau procédé pour leur approvisionnement en soude.
Au début des années 1870, le rêve d’internationalisation des usines Solvay se réalise. La gestion est confiée à Alfred ; Ernest, quant à lui, se consacre à ce qui deviendra un véritable empire industriel.

Le bonheur des hommes

En patron novateur et intelligent, Ernest Solvay a, sur le plan social, une longueur d’avance sur ses contemporains. Désireux de rester proche de ceux qui contribuent à faire vivre son invention, il se préoccupe de leur rendre la vie plus agréable et moins pénible financièrement. Il commence par subsidier une fanfare, puis un club de sport, pour ensuite créer des écoles, des bibliothèques et même un hôpital.

Le personnel de ses usines bénéficie, en outre, d’une protection sociale bien avant que la sécurité sociale ne soit instituée officiellement en Belgique. C’est ainsi qu’il instaure :

Convaincu du bien-fondé de ses idées, il va continuer son combat pour le bien des travailleurs au Sénat puis en tant que ministre.

Par ailleurs, en 1914, alors que tout le monde veut croire à une guerre éclair, Solvay pressent un danger imminent : la famine. Dès le mois d’août 1914, le grand industriel dégage 1.000.000 de francs pour créer le « Comité de Secours et d’Alimentation » au sein duquel il réunit des membres de la haute bourgeoisie et de la noblesse sous la présidence de l’ambassadeur d’Espagne et de Brand Whitlock, alors ambassadeur des Etats-Unis. Des milliers de civils belges peuvent ainsi être sauvés de déficiences alimentaires et échapper à la mort.

Mécène de la recherche scientifique

Solvay, que la maladie avait empêché d’accéder aux études universitaires, veut mettre sa fortune à la disposition de l’université de Bruxelles (ULB). Il fait ériger, avec le soutien de différentes personnalités, 4 instituts disséminés dans le Parc Léopold :

C’est dans ces instituts que se tiendront tous les 3 ans les fameux « Conseils Solvay » : pendant une semaine, un Conseil d’une vingtaine de spécialistes discutent entre eux un problème d’actualité soigneusement préparé par d’éminents rapporteurs. La première édition de 1911 réunira 11 prix Nobel parmi lesquels figurent notamment Marie Curie et Albert Einstein.

Après une longue vie bien remplie …

Ernest Solvay meurt le 26 mai 1922. Il repose dans le caveau familial au cimetière d’Ixelles, aux côtés de son frère Alfred, disparu avant lui.
Solvay a fait l’objet de plusieurs marques de reconnaissance et d’honneurs parmi lesquelles on retiendra :

Aujourd’hui, le groupe Solvay occupe quelque 30.000 personnes et compte plus de 400 établissements dans 50 pays.